Longtemps les imaginaires atlantiques et naturalistes européens projetés sur l’océan, se sont infiltrés, ont colonisé et contribué à ensevelir et invisibiliser les imaginaires de la mer des autres. Paysage affectif transporté. Coloration affective universaliste de la peur de la mer. Les perspectives sur la mer, alors bouchées, et profondément absorbées, privilégièrent l’imaginaire des cirques, des montagnes et volcans, au détriment de l’océan. C’est une île, l’Île de la Réunion, qui se souvient des continents. Selon sa coupe géologique et topographique; une traversée de la mer à la mer en passant par les terres (plaines, cirques, montagnes, volcans, cascades, forêts, rivières, savane); Le film Navigation sans instruments propose de souligner un nouvel océan, une zone critique labile composée de paysages imbriquant vivant.e.s et non vivant.e.s en relations avec leur environnement. Une zone de contact où viennent se superposer à l’image la composition des sols géologiques et des formations végétales, les gestes et témoignages d’habitant.e.s de Île, une iconographie réunionnaise et des plans d’institutions de mémoire issues d’anciennes politiques coloniales (musée d’histoire naturelle, archives départementales de Saint-Denis). Dans cette scène roulante de l’Île s’établit un nouveau ballet aqueux.
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