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Le travail de Caroline Reveillaud pose la question des regards portés aux images, des relations nouées et intriquées entre elles et nos perceptions, de l’existence d’un sujet observateur.ice constitué.e dans une trame historique(1) . Son travail porte sur les images, leurs manières dêtre au monde, et leurs processus d’apparition, ontologie et ontophanie des images sont à l’oeuvre. Les recherches de Caroline Reveillaud se développent à partir de son expérience vécue : une introduction à l’art, anecdotique et personnelle, via des oeuvres photographiées (diffusées dans des magazines, livres de vulgarisation ou documents historiques à visée analytique). Cet apprentissage empirique, emprunt d’affects, de la sculpture et de la peinture à travers leur reproduction, leur photogénie(2) , leur virtualité mystérieuse séduisante et partielle, leurs potentialités contenues, marquent durablement sa pratique. Troublée par ces icônes, leurs effets perceptifs provoqués en partie par leurs médiations techniques, elle tente de comprendre pourquoi elles la fascinent tant et essaie de déconstruire petit à petit le regard intrinsèquement acquis qu’elle leur porte en développant son propre corpus évolutif (photographique et filmique) qu’elle stocke et vient re-battre continuellement comme un jeu de cartes. Cette collection, constituée et fréquemment augmentée de ses prises de vues, existe comme socle à partir duquel elle élabore de nouvelles configurations spatiales et lectures sensibles de ses datas lors d’expositions. Descriptions narratives, indexations et systèmes de classification apparaissent alors comme éléments esthétiques constituants de ses installations. On y retrouve des sortes de mobiliers, à la fois outils « techniques » de manipulation et langage sculptural propre. Les documents y circulent ainsi changeant de supports, d’écrans perceptifs (d’un tableau, d’une tenture, à une table en passant par un livre ou un film), existant de multiples façons; leur substrat mute. Ponctuellement extraits de leur archivage ils viennent s’exposer et nous interroger. Les explorations de l’artiste tâchent en quelque sorte de « désentrelacer » des noeuds de perceptions intériorisés par nos outils de lecture culturels et contextuels, sciemment ou inconsciemment intégrés par nous. L’épaisseur temporelle et physique des images, au sens propre comme figuré, les ombres qu’elles projettent, la lumière qui en émane, les filtres qu’on leur appose, les cadres et grilles invisibles d’après lesquelles elles sont fabriquées et desquelles elles peuvent s’affranchir, les espaces de circulation qu’elles empruntent, la mutabilité iconique, etc. son autant de sujets sondés par Caroline Reveillaud.

(1)        [...] La vision et ses effets sont à jamais solidaires des potentialités d’un sujet observateur, tout à la fois produit historique et lieu de certaines pratiques, techniques, institutions et procédures de subjectivation.[...] Bien qu’il soit à l’évidence une personne qui voit, un observateur est par-dessus tout une personne qui voit dans le cadre d’un ensemble prédéterminé de possibilités, une personne qui s’inscrit dans un système de conventions et de limitations.[...] Si l’on peut dire qu’il existe un observateur propre au XIXe siècle, comme à n’importe quelle autre époque, c’est seulement en tant qu’effet d’un système irréductiblement hétérogène de rapports discursifs, sociaux, technologiques et institutionnels. À ce champ en mutation constante ne préexiste pas de sujet observateur. [...]” Crary, J., Maurin, F., & Boidy, M. (2016). Dans TECHNIQUES DE L’OBSERVATEUR Vision et modernité au XIXe siècle (p. 33). DEHORS.

(2)        Parcollet, R., Aubart, F., Douroux, X., Leguillon, P., Ostende, F., Pestellini Laparelli, I., Poinsot, J.-M., & Poivert, M. (2018). Photogénie de l’exposition (1re éd.). MANUELLA.


(ENG)
Caroline Reveillaud est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2016. Elle co-fonde en 2017 l’artist-run space In.plano (Île Saint-Denis) et y travaille, alternant productions personnelles et engagement collectif pour la programmation et l’organisation des expositions. Elle est représentée par la Galerie Florence Loewy, (Paris) depuis sa première exposition personnelle en mai 2017. Elle y a exposé son travail pour la dernière fois en mai 2022 pour sa troisième exposition personnelle Sharp-eyed. Elle a montré son travail en France au Frac Grand Large, à la Villa du Parc, à la Collection Lambert en Avignon, au Domaine de Kéravel, à DOC!, Au Lieu, Delpire&co, Bienvenue.Art (Cité internationale des arts de Paris), galerie E.Mouchet, Espace Topographie de l’Art, Musée National des Beaux-Arts de Paris, Espace Bubenberg, Galerie H.Lacharmoise, à Saint-Etienne-du-Grès au Moulin de la Croix, à Rennes Galerie Standard, à Londres, à la Griffin Gallery, etc. Son travail a été soutenu par le Cnap en 2019 pour l’exposition SUMMA IOS avec l’aide aux galeries, par la Fondation des Artistes en 2021 pour son projet Sharp eyed et en 2022 son projet Biomimético-Imago reçoit le soutien du Cnap avec l’aide à la recherche et à la production.
En 2023 elle poursuit une résidence d'un an à Mains d'Œuvres (Saint-Ouen) et participe à une résidence de recherche et de production à La Friche, à La Réunion avec le Programme Suite du CNAP.